Imaginez: une maison "verte", habillée de bois, avec une large baie vitrée, une piscine biotopique et des panneaux solaires pour produire de l'eau chaude. Une maison de 150 mètres carrés si étanche et si bien isolée que l'énergie produite par ses habitants dans leurs activités quotidiennes suffit presque à chauffer toutes les pièces. Une maison dont tous les matériaux (isolants, colles, peintures...) ont été, au préalable, expertisés par un médecin afin qu'ils ne soient pas nuisibles à la santé des occupants. Bref, une maison 100% écolo. Le rêve...
Une des "maisons passives" des Hauts de Feuilly (St Priest)
Cette maison-là existe. Développée par MCP Promotion et par l'architecte Thierry Roche, elle a été réalisée en trois exemplaires, qui vont être bientôt mis en vente à Saint-Priest, près de Lyon, dans le quartier des Hauts-de-Feuilly. Un écoquartier créé en 1998 par la communauté urbaine de Lyon, où la Semaine du développement durable, qui court en France jusqu'au 7 avril, c'est tous les jours! Situé à deux pas du tramway, du Parc technologique et de la forêt de Feuilly, ce quartier, qui regroupe une centaine d'habitations, a fait, dès l'origine, le pari de la qualité et du respect de l'environnement.
Label Haute qualité environnementale
Des exemples? Ici, les espaces verts sont privilégiés, les chemins piétons dégagés et les plantes d'essences locales favorisées. Quant aux choix architecturaux, ils témoignent d'une même cohérence. Trois types d'habitat coexistent (maisons patio ou de ville, petites résidences collectives), mais les cinq promoteurs qui se sont lancés dans l'aventure respectent un cahier des charges commun de HQE (haute qualité environnementale): isolations renforcées, matériaux nobles (bois, zinc, verre...), ventilation performante, système de récupération des eaux de pluie grâce à du gravier. "Aujourd'hui, le label HQE est devenu, en soi, un argument de vente", note à ce propos Stéphane Mazerel, chargé de mission à la communauté urbaine de Lyon.
Joëlle et Denis Scarenzi, tous deux enseignants, font partie des premiers acquéreurs. En 2003, ils ont réservé une maison - là où il n'y avait alors que "des champs et une ferme" -et l'ont occupée en octobre 2005. Lorsqu'on leur demande leurs motivations, ils citent d'abord "l'esthétique de l'architecture" puis, très vite, le cadre de vie général : une habitation près du tram, d'une école et d'un lycée, d'une forêt et... d'une zone commerciale.
Déficit d'explications
Surtout, ils insistent sur "le côté village gaulois où l'on partage les mêmes points de vue". D'où une multiplicité d'initiatives, comme des achats groupés de composteurs individuels ou ce blog régulièrement alimenté par les habitants. "Sans oublier le projet Pedibus", précise Laurence Bauduer, de la direction départementale de l'équipement: un groupe de parents chargés d'accompagner, matin et après-midi, les enfants du quartier vers l'école, distante de quelques centaines de mètres.
Alors, les Hauts-de-Feuilly, petit paradis retrouvé? Stéphane Mazerel, de la communauté urbaine, reconnaît honnêtement des difficultés ponctuelles, notamment un "déficit d'explications" sur le fonctionnement des tuiles photovoltaïques. Denis Scarenzi, lui, évoque tour à tour une piste cyclable "mal conçue", "quelques couacs" en matière de délais ou encore "un promoteur qui se fait tirer l'oreille pour corriger les dernières malfaçons". Et il ajoute aussitôt: "Cela dit, les avantages l'emportent largement. On reste des petits privilégiés." Critique, mais lucide...
http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/developpement-durable-la-maison-100-pourcent-ecolo-existe_750663.html?XTOR=EPR-181